NANTES SERIAL EXPULTRICE

Publié le 14 Août 2018

Article à paraître dans Lettres Communes n°3, septembre 2018, photos de ValK

 

TEMOIGNAGE SUR LE SQUAT DU SQUARE DAVIAIS

Publié le 11 Juillet 2018

Après avoir recueilli le témoignage d'un occupant du square avec une traductrice, je vous livre ce compte rendu en essayant de respecter son point de vue. Deux cent personnes à peu près dorment dans le square Daviais dans le centre ville de Nantes, parfois sans tente ni couverture. Il y a un seul robinet mais pas de douche. Cell.eux qui n'ont pas de papiers n'ont pas accès aux bains douches. Des personnes pensent que l'eau près du square n'est pas potable à cause de son mauvais goût et ne la boivent pas. Il n'y a qu'un WC à proximité, souvent fermé, la nuit, le week-end, etc. Les gens font leurs besoins où ils peuvent ce qui est assez insalubre. Comme il n'y a pas de douches, les toilettes sont utilisées comme cabine avec une bouteille d'eau.

Les gens ont à peine un repas par jour. Ils attendent le soir, s'il y a une distribution, et restent le ventre vide toute la journée. Les tensions sont importantes autour de ces distributions. Les gens doivent fournir beaucoup d'énergie, surtout les non francophones, pour obtenir la nourriture avant qu'il n'y en ait plus. On se plaint de la façon dont la nourriture est distribuée. Il nous est suggéré de la distribuer en plusieurs points en même temps, sous forme de rations individuelles et de les apporter auprès des tentes plutôt que de laisser venir les gens, pour mieux visualiser la distribution. Les français qui restent sur place avec eux sont bien vus. Ils fournissent nourriture et protection, en particulier la nuit où, parfois, des personnes hostiles viennent faire du bruit ou crier des insultes.

Il y a des personnes qui ont des problèmes de santé. Il faudrait plus de médecins. Au niveau psychologique, les gens vivent dans la peur. Dormir dehors est anxiogène. Les occupant.es du square ne se sentent pas beaucoup plus en sécurité ici que dans le pays dans lequel il.les vivaient. Évidemment, beaucoup aimeraient pouvoir travailler pour vivre et occuper les journées. Tout le monde a une qualification et/ou des diplômes. Les conditions de vie extrêmes ne facilitent pas toujours l'entente entre les différentes nationalités (les personnes viennent surtout du Tchad, du Soudan et de l’Érythrée).

Il y a des rats, des moustiques. Une dizaine d'enfants, de 7 à 12 ans, dorment dans le square. Un enfant a un an à peu près. Les gens peuvent être en famille ou seuls. Il y a une quinzaine de femmes. 40 personnes sont sans couvertures. D'autres sont sans tente ou dorment à trois dans une petite tente.

Les gens veulent accéder à France Terre d'Asile, très loin, à pied, sur la ligne du C6, pour se déclarer, ce qui leur ouvre certains droits. Mais, ces derniers temps, seules 20 personnes étaient acceptées par jour. Certain.es ont toujours échoué à en faire partie, même s'il.les dormaient sur place. Les tensions sont très fortes sur place. Aussi France Terre d'Asile s'est mis en grève à cause du manque d'effectif. Les réfugié.es n'ont pas d'infos à ce sujet et sont perdu.es.

Pour résumer, il faut des repas réguliers, plus nombreux, un accès aux toilettes, aux douches, et bien sûr un toit. Selon moi, il n'y a aucune volonté politique d'améliorer la situation humanitaire alors qu'il existe quantité de lieux inoccupés et que fournir les premiers besoins, à deux ou trois cent personnes, n'est rien comparé à tout ce que dépense la ville et la région dans divers projets superflus. Les autorités, par leur passivité ou les entraves qu'elles placent, ont donc une lourde responsabilité quant à la situation sanitaire et humanitaire de ces personnes, quant à leur souffrance quotidienne, et quant aux conséquences dramatiques prévisibles.

Pour finir, on peut suggérer, en plus de l'aide matérielle, davantage de partage des infos de nos compte rendus et tracts, en français, en anglais et en arabe, pour que la situation soit plus claire à la fois pour les réfugié.es, les militant.es et les personnes habitant cette ville ou de passage.

 

Que pouvez-vousfaire ? Déposer des dons alimentaires à l’Autre Cantine, cuisine de solidarités, et rejoindre des groupes de citoyens qui cuisinent : rue de Cornulier, n°18, Gare sud> Apporter des tentes, matelas, couvertures, tee-shirts, sous-vêtements, produits d’hygiène, savon, gel douche, dentifrice, brosse à dents, lessive, sacs poubelle. Suivre les actualités et les collectes sur facebook / pages Les luttes des exilé-e-s à Nantes : actualité des luttes, des besoins d’hébergement et des dons ; Nos amis venus de loin : organisation de repas, dons alimentaires ; L’Autre cuisine et le site internet : https://nantes.aveclesexiles.info Rejoindre les groupes facebook pour organiser les collectes de nourriture, cuisine et dons On est du pays de Nantes, et on agit ; Collectes citoyennes pour le pays de Nantes ; Un Bout de Chemin Nantes ; Collectif nantais de soutien aux exilé-e-s

Et donner de l’argent pour aider à l’organisation des repas quotidiens

https://www.leetchi.com/c/solidarite-avec-les-exiles-de-daviais

 

RASSEMBLEMENT POUR LES OPPOSANT.ES A LA POUBELLE NUCLEAIRE DE BURE

Publié le 26 Juin 2018

Mercredi 20 juin, une vingtaine de personnes se sont réunies devant la préfecture de Nantes pour protester contre l’interpellation d’une dizaine de personnes engagées dans la lutte contre le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure dans la Meuse. Huit personnes ont été placées en garde à vue dont un avocat (faisant peser une menace sur le principe du secret des correspondances entre l’avocat et ses clients). Des perquisitions ont eu lieu avec saisie de matériel.

Le projet d’enfouissement de Bure suscite luttes et controverses depuis 1993. Le combat contre l'enfouissement en France a débuté en 1987 (http://burestop.free.fr/spip/spip.php?article626). Le projet de Bure doit coûter plusieurs dizaines de milliards d’euros. Le stockage en profondeur à 500 mètres sur plus de 300 km de galeries, par rapport au stockage en surface, est irréversible sur des milliers d’années, avec risques d’incendies et d’explosions, d’infiltration d’eau et de pollution radioactive.

Pour mémoire, le 26 janvier 2016, un ouvrier est mort dans un éboulement. En juillet, des militant.es ont été blessé.es par la police et les vigiles de l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs en France). En aout 2017, un homme a été mutilé au pied par une grenade de la police. Deux personnes ont été emprisonnées en mars 2018. La dernière manifestation à Bure le 16 juin a réuni 3000 personnes et a donné lieu à 6 interpellations. D’après Médiapart, on compte depuis un an une trentaine de procès, plusieurs peines de prison ferme et d’interdictions de territoire (voir aussi Bure Stop et VMC.camp).

Le gouvernement défend les intérêts de l’industrie nucléaire et déploie tout son arsenal juridique et policier pour tenter de briser l’opposition civile. L’usage de la qualification ''d'association de malfaiteurs'' pour désigner les militant.es a pour objectif clair de criminaliser la lutte. Mais cette fuite en avant est vaine, tant la logique nucléaire est condamnée par son aberration économique et environnementale. Les générations à venir refuseront elles aussi de se laisser ruiner et empoisonner par cette technologie d’un autre âge et sans avenir.

 

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L’EXPULSION DU CAP44 ETC.

Publié le 25 Juin 2018

A l’appel d’un collectif d’aide aux réfugié.es plusieurs dizaines de personnes étaient venues jeudi 14 juin soutenir les personnes qui avaient trouvé refuge dans un bâtiment désaffecté (Cap44) en face de la carrière Miséry dans le bas de Chantenay. Une centaine de personnes de tous âges survivait dans ces anciens bureaux peu propices à l’hébergement mais qui offraient au moins un abri. Le groupe Axa (assurances habitation !), propriétaire des lieux, a entamé une procédure d’expulsion au tribunal. Certaines personnes étaient des exclu.es de l’ancien EPHAD, ouvert suite à l’expulsion du château de la fac, et géré par France Horizon qui a progressivement remis en cause l’accueil inconditionnel promis par la ville et la région. Une petite manifestation avait été organisée le samedi 16 pour dénoncer l’irresponsabilité de l’Etat vis-à-vis des sans-abris qui, lorsqu’il ne fournit pas d’abris, expulse les personnes qui occupent les logements vides.

Mardi 19 juin, la préfecture a envoyé la police expulser la centaine de personnes qui avaient trouvé refuge dans le bâtiment. Pour l’anecdote, les policiers ne portaient pas de matricule. L’un d’eux par contre arborait un curieux insigne avec la tête de mort du super héros Punisher et une citation du général américain Schwarzkopf après l’attaque du 11 septembre 2001 : « le pardon est l’affaire de dieu, nous organisons la rencontre ». Les accès du bâtiment ont été condamnés. Il a été difficile de récupérer toutes les affaires. Les policiers ont distribué au compte-goutte des paquets d’affaires en vrac et observaient les réfugié.es tenter de retrouver leurs quelques biens (papiers, vêtements, etc.). Toutes ces personnes se retrouvent donc à la rue au pied d'un bâtiment vide. Action inutile, injuste et cruelle. La ville et la région ont communiqué aux médias sur le fait qu’elles en avaient déjà fait suffisamment. Mais on leur demande juste d’arrêter d’expulser les gens qui se réfugient dans les lieux désaffectés, quand elles ne respectent pas leur devoir de mettre à l’abri les femmes, les enfants et les hommes qui demandent l’asile. Aucune évacuation ne devrait avoir lieu sans solution de relogement, y compris s’il le faut dans d’autres lieux désaffectés où l’on pourrait s’organiser. Suite à cette expulsion, certaines personnes ont investi l’ancien Institut de la Persagotière à Pirmil et d’autres, dont des femmes avec des enfants, sont retournés camper square Daviais.

Depuis des mois, les organisations qui soutiennent les sans-abris réclament une table ronde et n’ont pour seul interlocuteur.ices que les policier.es. La ville investit dans les événements touristiques et dans la com humanitaire mais ne fait rien de significatif. Depuis des années, entre mille et deux mille réfugié.es du sud et de l’est circulent à Nantes de squats en squats, de campements en campements, au grès des expulsions dans l’indifférence la plus totale - par exemple, en mars 2018, l’expulsion du campus du Tertre ; en novembre 2017, de l’ancienne école des beaux-arts et de trois bidonvilles ; en avril 2017, du squat d’Elin ; en novembre 2016, du squat de Doulon ; en juillet 2014, du squat de la rue des Stock ; en février 2014, du squat du Radisson ; en octobre 2012, d’une salle du Lieu Unique. Encore aujourd’hui, des enfants rroms et leur famille vivent dans des bidonvilles sans électricité ou avec des installations dangereuses, des risques d’incendies, des déscolarisations à chaque expulsion.

Lors de notre dernière visite sur un campement de l’ile de Nantes, nous avons rencontré un groupe de femmes pour évaluer leurs besoins et amener de la nourriture et des vêtements. Une femme va accoucher. Ses papiers ont brulé avec sa caravane. Elle n’a pas d’accès aux aides. Elle a besoin de couches, d’un lit pour bébé et d’une poussette. Il faudrait aussi une baignoire en plastique, de la vaisselle, du fil électrique. Les familles avec leurs enfants vivent dans des caravanes vieilles, humides et infestées de cafards. Une soirée de soutien pourrait permettre de financer l’achat de caravanes en meilleur état, en attendant mieux. Sinon, quelques squat perdurent depuis des années mais atteignent un haut niveau de vétusté (humidité, risques d’incendies,  d’effondrements) alors que de multiples lieux de la ville ou du diocèse sont vides.

 

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NOIR OCÉAN PRINTEMPS 2018

Publié le 9 Juin 2018

 

LE PRIX DU SANG

 

Un jeune homme est allongé dans l’herbe, les bras en croix, le torse noirci par le sang et par l’explosion qui a aussi déchiré ses vêtements. A la place de sa main droite, une plaie sanglante. Un garrot est placé sur son avant-bras. Un homme casqué, penché sur lui, lui tient le bras. Deux autres hommes en uniforme s’affairent également autour de lui. La main gantée d’un policier apparaît en bas du cadre. Le jeune homme a les yeux fermés, la bouche ouverte et visiblement il hurle. Une image de guerre pour une arme de guerre, cette fois-ci à Notre Dame des Landes. Il a été demandé sur les réseaux sociaux de ne pas diffuser l’image sans l’autorisation du jeune homme, même si bien des images circulent déjà dans nos réseaux venues de Gaza, de RDC, du Yémen, de Birmanie, etc. qui ne s’encombrent pas de telles précautions. Difficile de trancher entre le refus du voyeurisme et le besoin de témoigner. Car ici, comme ailleurs, il faut encore et toujours alerter sur les personnes tuées, mutilées, harcelées par la police et l’armée. {R. 30/5/18 Nantes}

 

 

LE FOULARD ET LA MANIÈRE

 

La présidente du syndicat étudiant UNEF Sorbonne, Mariam Pougetoux, a pris la parole dans les médias contre la loi ORE (de ségrégation sociale à l’entrée des universités) coiffée d’un foulard. Le monde politico-médiatique a réagi majoritairement de manière hostile au fait qu’une représentante syndicale porte un signe religieux. Le ministre de l’intérieur a parlé d’acte politique et évoqué l’organisation terroriste Daech. Charlie hebdo a sorti une couverture ordurière et déshumanisante. Les réactionnaires et les racistes de tous bords s’en sont donné à cœur joie, soufflant, pestant, crachant dans les médias. Quelques voix ont réagi et condamné cet acharnement. Mariam Pougetoux a réapparu pour indiquer qu’elle ne porte pas un foulard par prosélytisme polico-religieux mais par conviction personnelle. Suite à cet énième épisode de l’interminable saga française anti-foulard, rappelons quelques points :

Il est fâcheux qu’un ministre de l’intérieur ne soit pas capable de faire une nette différence entre Daech et le foulard d’une étudiante. Les premières victimes du terrorisme islamique sont les musulmanes elles-mêmes. Parmi les réfugiées, qui ont fui les groupes armés islamistes, de nombreuses femmes musulmanes portent un foulard. Elles sont absolument non violentes et ne considèrent pas leurs persécuteurs comme des musulmans mais des imposteurs mafieux. Ensuite, il est faux de dire que les femmes qui couvrent leurs cheveux sont nécessairement soumises. Elles peuvent choisir de le faire. Certaines y sont habituées et peuvent difficilement s’en passer sans avoir le sentiment d’être en sous vêtement dans la rue. Demander à ces femmes de se découvrir est aussi intrusif que de reprocher à une femme de ne pas porter de foulard. Marianne Pougetoux souhaite le porter et visiblement celles et ceux qui l’ont élue ne s’y opposent pas. La loi non plus d’ailleurs. Le contraire aurait été problématique. Pourquoi refuserait-on des responsabilités à une femme parce qu’elle porte un foulard ?

En ce qui concerne certain-e-s de mes camarades, je partage leur athéisme et critique avec elles et eux la religion. Mais nous pouvons débattre de cela sans mépris, surtout quand une longue histoire coloniale mine le débat. Le catholicisme et l’islam ne sont pas au même niveau en termes de tolérance dans la société française. Le dévoilement des musulmanes, en particulier, est inscrit dans l’histoire coloniale (http://contre-attaques.org/magazine/article/le-devoilement). {R. 30/5/18 Nantes}

 

 

TUERIES DE MASSE ET MAISONS DE L’HORREUR

 

Deux types de faits divers défraient la chronique américaine : les tueries de masse et les maisons de l’horreur. Ces phénomènes se répètent et avec eux certaines données sociologiques. Je pars du principe que le fait divers dépend d’un trait de civilisation qu’il révèle et donc se prête à une lecture politique et pas uniquement individuelle clinique, policière ou morale. En ce qui concerne les tueries dans les lycées, elles sont le fait de jeunes hommes blancs fascinés par la guerre et amers vis-à-vis des femmes dans plusieurs cas. On peut bien sûr incriminer la violence de la société américaine et le poids du lobby des armes. Mais il faudrait peut-être ajouter un modèle patriarcal prédateur et consumériste, où posséder c’est consommer. La destruction violente apparaît comme une réponse au refus et à la frustration. Ce que l’on n’a pas avec l’argent, on l’obtient avec des armes, quitte à mettre sa vie en jeu. Ici le mal être privé s’exprime dans la violence publique.

Le mouvement inverse s’illustre dans les maisons de l’horreur. La violence exercée par le père et les parents sur le reste de la famille reflète une violence extérieure. La maltraitance s’exerce au nom de principes moraux et de l’éducation. Dans les deux cas, on voit que l’expression narcissique du pouvoir, celui du jeune homme armé ou des parents sur leurs enfants, rend incapable d’empathie. On pourra donc exécuter ou enfermer ces criminels tant qu’on voudra, ces violences ne cesseront pas sans une remise en cause des rapports hiérarchiques. Ils subsistent de manière feutrée dans l’ensemble de la société et tendent toujours à révéler ici et là leur caractère ignoble dans les faits divers. {R. 30/5/18 Nantes}

 

 

LES BANLIEUES LIEUX BANNIS

 

Le plan Borloo prévoyait dix milliards d’euros pour améliorer les services publics et le tissu associatif dans les mille trois cent quartiers prioritaires français. Il était attendu par de nombreux maires. Macron l’a totalement enterré. Pas un sou. Par contre, mille trois cent policiers supplémentaires, pour lutter contre le trafic et la radicalisation, et des stages en entreprise. Autant dire que la situation n’est pas prête de s’arranger. Au lieu de s’appuyer sur les ressources associatives des quartiers, de s’attaquer à la cause, l’inégalité sociale, il s’attache aux effets surmédiatisés pour stigmatiser les banlieues. La violence plutôt que la concertation s’impose pour conserver la modèle inégalitaire et la politique de relégation. Pourquoi les trafics, si ce n’est l’impossibilité d’accéder à l’emploi ? Pourquoi la radicalisation, si ce n’est l’absence de reconnaissance et de respect ? Sans politique humaine, il n’y aura pas de solution humaine mais l’exacerbation des conflits. Qui y a intérêt ? Peut-être, après tout, les réactionnaires et les capitalistes, pour maintenir leurs privilèges. Car les habitant-e-s des banlieues elles et eux préféreraient vivre en paix s’ils et elles le pouvaient. {R. 30/5/18}

 

 

UN SUPER HEROS

 

Mamadou Gassama, exilé malien, a rencontré Macron, va pouvoir être régularisé et obtenir un travail. Pendant ce temps, des milliers d’autres personnes vivent dans des bidonvilles et dans la rue, sont évacuées, pourchassées, placées en rétention, meurent ou tentent de ne pas perdre espoir. Pourquoi une telle exception ? Parce que Mamadou Gassama a sauvé un enfant en escaladant un immeuble devant des caméras, ce qui fait de lui un héros.

Ce que révèle ce conte de fée est l’idéologie de notre société qui valorise l’exception, le mérite, à l’image du Stakhanov soviétique ou du self made man américain. L’hospitalité, comme la réussite sociale, ne s’applique donc qu’à l’être d’exception. La norme c’est la misère. L’exception, la vie impossible, est cette norme ; et ce qui serait normal, une vie décente, est l’exception. La structure du conte de fée est celle de la société injuste où la justice tient du miracle. Les réfugié-e-s n’ont-ils ou elles plus qu’à chercher des enfants à sauver pour vivre normalement ? Malheur à elles et eux si le sauvetage rate ou passe inaperçu.

On a vu différentes expressions du racisme autour de cet acte. La plus idiote évidemment vient de Madame Lepen qui alerte sur les risques de cambriolages liés à l’escalade. Plus insidieux, Philippe Labro compare dans CNews « Gassama » à un grand enfant, distingue l’acte irréfléchi du héros réfugié et la réflexion instantanée d’un Beltrame, et suppose que le civisme du réfugié est le fruit des souffrances qu’il a enduré. Macron lui, en régularisant exceptionnellement un homme, envoie un message de désespoir à toutes et tous les réfugié-e-s qui n’ont pour l’instant que leur propre vie à sauver. {R. 30/5/18 Nantes}

 

LES VIES PALESTINIENNES COMPTENT

Publié le 22 Mai 2018

Une marche a eu lieu à Nantes avec 300 personnes contre les crimes de guerre israéliens à l’encontre des palestinien- ne-s et l’immobilisme de la communauté internationale. Une centaine de personnes ont été abattues et 2 000 blessées ou mutilées alors qu’elles manifestaient à la frontière de Gaza pour le retour en Palestine et la fin du blocus. En 1947, 750 000 palestinien-ne-s ont été chassé-e-s et brutalisé-e-s, 500 villages et 11 quartiers détruits. 6 millions de palestinien-ne-s sont réfugié-e-s. 5 millions vivent dans des camps. 1 million vivent de l’aide humanitaire. 5% seulement ont accès à l’eau potable à Gaza. 4 heures d’électricité par jour. 45% des actifs sont au chômage. 46 % des enfants souffrent d’anémie. 2 millions  de gens ne peuvent pas circuler librement. Face à la répression ultra violente d’israël des manifestations à Gaza, la réaction de la france est pour le moins ambiguë. Le Drian « demande à l’ensemble des acteurs de faire preuve de responsabilité ». L’UE demande à Israël « d’utiliser une violence mesurée ». Consternant ! La Plateforme 44 pour la Palestine elle réclame l’interdiction des armes de guerre contre des civils non armés, une enquête internationale, la condamnation par la cour internationale, un embargo contre les armes, la fin de la coopération et la levée du blocus.

COL BLANC COMME NEIGE

Publié le 22 Mai 2018

                Pour blanchiment et fraude, l’ancien ministre Cahuzac, justement chargé de lutter contre la fraude fiscale, a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, qu’il ne fera pas, prédit déjà la presse. L’argument : La prison est là pour protéger les personnes dangereuses et les réinsérer. Or Cahuzac lui est inoffensif et très bien inséré. Vraiment ? La prison brise les femmes et les hommes, elle ne les rend pas meilleur-e-s. Ce qui est remarquable, c’est la clémence des juges pour les classes aisées, comparé à ce que les pauvres et/ou les opposant-e-s politiques ont à subir. La seule mesure de fond qui s’impose, c’est la disparition des inégalités qui conduisent à la transgression des lois et la disparition des lois qui protègent les riches contre les pauvres.

COMMÉMORATION COLONIALE

Publié le 22 Mai 2018

                Le 10 mai, lors de la journée nationale de la traite négrière à Nantes, la ville organisait discours et visites avec des personnalités. Mais quelques protestations ont écorné ce cérémonial bien huilé. D’abord, le Collectif du 10 mai dénonce l’absence, dans le mémorial, du Code Noir, qui témoigne de la responsabilité de l’état français, ainsi que celle des noms des armateurs (il pointe également des incohérences dans le Mémorial Acte de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe et dans le documentaire d’Arte Les routes de l’esclavage). Des militant-e-s ont aussi repeint des plaques de rues où figurent des négriers. A été également dénoncée la situation des réfugié-e-s à Nantes. Par exemple, dans l’ancien EPHAD, réquisitionné de force par les militant-e-s, il y a deux mois, 350 personnes, dont des familles, s’entassent dans un lieu de 120 places. Des familles n’y trouvent plus de place aujourd’hui. La seule réponse est la reprise de la gestion du lieu, jusqu’ici autogéré et ouvert à tou-te-s, par France Horizon, avec vigile et évaluation individuelle.

EN MARCHE ARRIÈRE

Publié le 22 Mai 2018

                Macron prétend moderniser la france avec ses réformes. Il nous a été présenté, il y a un an, comme un jeune loup moderne en rupture avec les politicien-ne-s du passé. En vérité, c’est tout l’inverse. Sur le plan économique, Macron nous replonge en plein XIXe siècle, en cassant tous les acquis sociaux du siècle dernier. Sur le plan politique, il nous ramène vers la dictature impériale (quelques éléments récents : la complicité de Macron avec Philippe de Villiers notamment concernant la ZAD ; son allusion à la Commune de Paris lorsqu’il affirme « Versailles, c’est là où la république s’était retranchée lorsqu’elle était menacée » dans un récent documentaire). S’il y a progrès, c’est vers l’ignominie du capitalisme, dans sa forme la plus autoritaire. Nous sommes loin d’une amélioration de la société. Il n’y aurait progrès, au contraire, qu’avec le partage économique et politique des richesses et du pouvoir. Sans cela, nous nous enfoncerons plus profond dans la souffrance et le conflit.

LE DECES DE NAOMIE MUSENGA

Publié le 14 Mai 2018

Naomie Musenga est décédée à l’âge de 22 ans, après avoir appelé le SAMU, le 29 décembre à Strasbourg. L’enregistrement de l’appel rend compte de l’indifférence et de la moquerie de l’opératrice à l’égard de la jeune femme en train de mourir. Aujourd’hui, la question se pose dans les médias de la raison de cette attitude. Faut-il incriminer seulement la personne ou le manque de moyen du service ? Une troisième possibilité est à peine évoquée : le racisme structurel dans ce pays et l’impact sur les services : difficulté d’accès aux soins, au logement, au travail, aux banques, pour les personnes qui subissent le racisme. Il faut rappeler qu’être raciste ce n’est pas seulement être d’extrême droite. Le racisme est une réaction culturelle banale qui fait qu’on ne fait pas confiance, qu’on infantilise, qu’on sous-estime  spontanément l’autre sans toujours s’en rendre compte - ce genre de mépris existe également vis-à-vis des jeunes, des handicapés, des pauvres ou des femmes. Le racisme a toujours pour finalité l’exploitation, la domination et la défense d’un privilège. Il est le moyen, dans la relation sociale, de faire perdurer cette situation d’inégalité. Combattre le racisme c’est donc déconstruire nos habitudes collectivement mais aussi accepter la conséquence concrète : le partage des richesses.

 

 

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