CONTRE L’ETAT D’URGENCE

Publié le 11 Janvier 2016

A l’émotion orchestrée par les journalistes et les hommes politiques, opposons la raison. Il nous faut examiner froidement les événements. Donc et de toute évidence, constater et affirmer que l’état d’urgence est complètement hors de propos face aux attentats passés et à venir. Même si c’est toujours délicat et politiquement inopérant de compter les morts, les attentats du 13 novembre n’ont rien d’une attaque massive, rien d’une guérilla non plus. Mais “nous” sommes en guerre paraît-il!

Cette guerre, les français l’ont intégrée et vivent ainsi dans la peur, la terreur. De nombreuses personnes sont prêtes à rogner leur liberté (quelle liberté`?) pour plus de sécurité. Or l’ataraxie est une des conditions de la liberté. De nombreux français, des hommes mais aussi des femmes, font des démonstrations de nationalisme, de racisme, de chasse au faciès, de confusion et de surveillance généralisées. La présence publique de flics et de militaires avec exhibition ostentatoire des armes, loin de rassurer, augmentent la peur. Évidemment pendant cet état d’urgence, la lutte sociale tend à se dissoudre, les prolétaires et les patrons sont unis et indistincts dans le même combat, pour défendre la même patrie en danger.

Les terroristes et l’état ont les mêmes intérêts objectifs. Le terrorisme les sert tous deux. Le but des terroristes est d’installer la terreur et cette terreur sert l’état car le peuple apeuré se tait, obéit, travaille et se rassemble autour de l’unité nationale. L’état d’urgence n’est pas nouveau d’ailleurs, le plan vigipirate est en place depuis 1995. C’est un dispositif permanent qui s’applique en France et à l’étranger et concerne les transports, la santé, l’alimentation, les réseaux d’énergie, la sécurité des systèmes d’information… Il emploie aussi bien des militaires que des membres des services de renseignement. Le plan vigipirate a pour objectif de développer une culture de la vigilance de l’ensemble des français. Et c’est ainsi qu’on devient délateur. La délation, avec un numéro de téléphone spécial, est organisée et promue par le gouvernement.

L’état d’urgence c’est la suspension temporaire de l’ordre juridique et en cela révèle la nature de l’état. L’état, en effet, en proclamant l’état d’urgence et en suspendant la validité de la loi marque le point de jonction entre violence et droit. La police, quant à elle, évolue toujours dans un tel état d’exception. L’état a le monopole de la violence et du contrôle des corps.

Et l’état et sa police ne s’en privent pas, il y a eu plus de 2000 perquisitions violentes et des assignations à résidence. Les musulmans sont stigmatisés et ciblés. Mais le gouvernement profite de l’état d’urgence et attaque aussi bien sûr les gauchistes et les anarchistes. Des militants ont été assignés à résidence pendant la COP21 et des syndicalistes CNT de la terre ont été violemment perquisitionnés.

Le but de l’union nationale c’est de faire de chacun un guerrier anxieux grâce notamment au vieux mythe de l’ennemi intérieur.

Que faire ? Évidemment être très attentifs aux atteintes aux libertés publiques et privées, défendre les copains et combattre l’oppression islamophobe. Mais aussi être offensif, subversif, occuper des lieux publics, se rassembler, régulièrement, désobéir à l’interdiction de manifester, continuer à militer, à défendre les migrants par exemple, à ouvrir des espaces de liberté. L’état d’urgence est un étouffoir, nous saurons y résister et le braver.

Gilles (Groupe J. Déjacque – Nantes)