L'expulsion du squat de Doulon

Publié le 23 Novembre 2016

A la demande du Diocèse, "stressé par le fait que les gens vivent parmi les cafards" (Ouest-France 23/11), à huit heure, hier matin, les policiers sont venus expulser les habitants du squat de Doulon, à peu près quatre vingt personnes en exil qui ont fui la misère et la guerre. Le gymnase de la Colinière a été réquisitionné pour servir de centre de sélection, enregistrer et trier les gens. Les salarié.es de la Veille sociale 44 ont distribué des numéros et des adresses après une brève évaluation individuelle (dans la matinée, certaines personnes sont revenues avec leurs bagages après s’être entendu dire qu’elles ne pouvaient pas être accueillies).

Le site a été encerclé par la police pour empêcher les réfugiés qui étaient absents lors de l’expulsion (aux bains douches, au travail, à l’hôpital etc.) de bénéficier d’un hébergement. 54 personnes ont été d'abord prises en charge. Devant le refus de prendre en compte les personnes restantes, les réfugiés et leurs soutiens se sont enfermés avec les agents des services sociaux pour exiger une solution. Les policiers avec leur armure se tenaient prêts à faire usage de la force. Finalement, une vingtaine de personnes supplémentaires ont pu trouver un abri.

L’après midi, les soutiens ont accompagné les réfugiés dans divers endroits pour s’assurer de leur prise en charge. En fin d’après midi, le préfet a donné une conférence de presse à laquelle n’ont pas eu le droit d’assister les soutiens. Un rassemblement s’est formé devant la préfecture rapidement dispersé par la police. D’après une journaliste interrogée le préfet n’a pas mentionné les quinze personnes laissées de côté par l’opération que les soutiens ont alors eux-mêmes hébergées.

Visiblement le but de la préfecture est de communiquer sur une opération qui se veut "humanitaire", dans le sillage des expulsions de Calais et de Paris. Cette expulsion a sans doute été précipitée par l’annonce de la manifestation organisée samedi à 15h au miroir d'eau à Nantes pour dénoncer les conditions inacceptables de vie des réfugié.es. Mais nous ne nous faisons aucune illusion : dans quelques jours ou quelques semaines, un bon nombre de personnes seront remises à la rue en plein hiver (comme c'est encore le cas pour des centaines de personnes, dont des vieillards, des femmes et des enfants, quelque soit leur nationalité). On ne peut que déplorer la perte de ce squat ouvert il y a deux ans, à la suite de plusieurs expulsions, qui permettait de protéger tant bien que mal les personnes à la rue et ignorées.

Nous réclamons la réquisition des lieux vides que la ville a déjà recensé. Nous exigeons un toit pour toutes et tous. Nous voulons la fin de la répression des pauvres sous couvert d'opération humanitaire. Nous désirons qu'on nous laisse en paix, sans harcèlement policier, au côté des démuni.es, combattre la misère organisée - dans un des pays les plus "développés" du monde et dans une ville qui, pendant trois siècles, s'est enrichie avec le commerce des esclaves.

Crédit photo : https://nantes.indymedia.org/articles/33747