A l’appel d’un collectif d’aide aux réfugié.es plusieurs dizaines de personnes étaient venues jeudi 14 juin soutenir les personnes qui avaient trouvé refuge dans un bâtiment désaffecté (Cap44) en face de la carrière Miséry dans le bas de Chantenay. Une centaine de personnes de tous âges survivait dans ces anciens bureaux peu propices à l’hébergement mais qui offraient au moins un abri. Le groupe Axa (assurances habitation !), propriétaire des lieux, a entamé une procédure d’expulsion au tribunal. Certaines personnes étaient des exclu.es de l’ancien EPHAD, ouvert suite à l’expulsion du château de la fac, et géré par France Horizon qui a progressivement remis en cause l’accueil inconditionnel promis par la ville et la région. Une petite manifestation avait été organisée le samedi 16 pour dénoncer l’irresponsabilité de l’Etat vis-à-vis des sans-abris qui, lorsqu’il ne fournit pas d’abris, expulse les personnes qui occupent les logements vides.
Mardi 19 juin, la préfecture a envoyé la police expulser la centaine de personnes qui avaient trouvé refuge dans le bâtiment. Pour l’anecdote, les policiers ne portaient pas de matricule. L’un d’eux par contre arborait un curieux insigne avec la tête de mort du super héros Punisher et une citation du général américain Schwarzkopf après l’attaque du 11 septembre 2001 : « le pardon est l’affaire de dieu, nous organisons la rencontre ». Les accès du bâtiment ont été condamnés. Il a été difficile de récupérer toutes les affaires. Les policiers ont distribué au compte-goutte des paquets d’affaires en vrac et observaient les réfugié.es tenter de retrouver leurs quelques biens (papiers, vêtements, etc.). Toutes ces personnes se retrouvent donc à la rue au pied d'un bâtiment vide. Action inutile, injuste et cruelle. La ville et la région ont communiqué aux médias sur le fait qu’elles en avaient déjà fait suffisamment. Mais on leur demande juste d’arrêter d’expulser les gens qui se réfugient dans les lieux désaffectés, quand elles ne respectent pas leur devoir de mettre à l’abri les femmes, les enfants et les hommes qui demandent l’asile. Aucune évacuation ne devrait avoir lieu sans solution de relogement, y compris s’il le faut dans d’autres lieux désaffectés où l’on pourrait s’organiser. Suite à cette expulsion, certaines personnes ont investi l’ancien Institut de la Persagotière à Pirmil et d’autres, dont des femmes avec des enfants, sont retournés camper square Daviais.
Depuis des mois, les organisations qui soutiennent les sans-abris réclament une table ronde et n’ont pour seul interlocuteur.ices que les policier.es. La ville investit dans les événements touristiques et dans la com humanitaire mais ne fait rien de significatif. Depuis des années, entre mille et deux mille réfugié.es du sud et de l’est circulent à Nantes de squats en squats, de campements en campements, au grès des expulsions dans l’indifférence la plus totale - par exemple, en mars 2018, l’expulsion du campus du Tertre ; en novembre 2017, de l’ancienne école des beaux-arts et de trois bidonvilles ; en avril 2017, du squat d’Elin ; en novembre 2016, du squat de Doulon ; en juillet 2014, du squat de la rue des Stock ; en février 2014, du squat du Radisson ; en octobre 2012, d’une salle du Lieu Unique. Encore aujourd’hui, des enfants rroms et leur famille vivent dans des bidonvilles sans électricité ou avec des installations dangereuses, des risques d’incendies, des déscolarisations à chaque expulsion.
Lors de notre dernière visite sur un campement de l’ile de Nantes, nous avons rencontré un groupe de femmes pour évaluer leurs besoins et amener de la nourriture et des vêtements. Une femme va accoucher. Ses papiers ont brulé avec sa caravane. Elle n’a pas d’accès aux aides. Elle a besoin de couches, d’un lit pour bébé et d’une poussette. Il faudrait aussi une baignoire en plastique, de la vaisselle, du fil électrique. Les familles avec leurs enfants vivent dans des caravanes vieilles, humides et infestées de cafards. Une soirée de soutien pourrait permettre de financer l’achat de caravanes en meilleur état, en attendant mieux. Sinon, quelques squat perdurent depuis des années mais atteignent un haut niveau de vétusté (humidité, risques d’incendies, d’effondrements) alors que de multiples lieux de la ville ou du diocèse sont vides.
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