TEMOIGNAGE SUR LE SQUAT DU SQUARE DAVIAIS

Publié le 11 Juillet 2018

Après avoir recueilli le témoignage d'un occupant du square avec une traductrice, je vous livre ce compte rendu en essayant de respecter son point de vue. Deux cent personnes à peu près dorment dans le square Daviais dans le centre ville de Nantes, parfois sans tente ni couverture. Il y a un seul robinet mais pas de douche. Cell.eux qui n'ont pas de papiers n'ont pas accès aux bains douches. Des personnes pensent que l'eau près du square n'est pas potable à cause de son mauvais goût et ne la boivent pas. Il n'y a qu'un WC à proximité, souvent fermé, la nuit, le week-end, etc. Les gens font leurs besoins où ils peuvent ce qui est assez insalubre. Comme il n'y a pas de douches, les toilettes sont utilisées comme cabine avec une bouteille d'eau.

Les gens ont à peine un repas par jour. Ils attendent le soir, s'il y a une distribution, et restent le ventre vide toute la journée. Les tensions sont importantes autour de ces distributions. Les gens doivent fournir beaucoup d'énergie, surtout les non francophones, pour obtenir la nourriture avant qu'il n'y en ait plus. On se plaint de la façon dont la nourriture est distribuée. Il nous est suggéré de la distribuer en plusieurs points en même temps, sous forme de rations individuelles et de les apporter auprès des tentes plutôt que de laisser venir les gens, pour mieux visualiser la distribution. Les français qui restent sur place avec eux sont bien vus. Ils fournissent nourriture et protection, en particulier la nuit où, parfois, des personnes hostiles viennent faire du bruit ou crier des insultes.

Il y a des personnes qui ont des problèmes de santé. Il faudrait plus de médecins. Au niveau psychologique, les gens vivent dans la peur. Dormir dehors est anxiogène. Les occupant.es du square ne se sentent pas beaucoup plus en sécurité ici que dans le pays dans lequel il.les vivaient. Évidemment, beaucoup aimeraient pouvoir travailler pour vivre et occuper les journées. Tout le monde a une qualification et/ou des diplômes. Les conditions de vie extrêmes ne facilitent pas toujours l'entente entre les différentes nationalités (les personnes viennent surtout du Tchad, du Soudan et de l’Érythrée).

Il y a des rats, des moustiques. Une dizaine d'enfants, de 7 à 12 ans, dorment dans le square. Un enfant a un an à peu près. Les gens peuvent être en famille ou seuls. Il y a une quinzaine de femmes. 40 personnes sont sans couvertures. D'autres sont sans tente ou dorment à trois dans une petite tente.

Les gens veulent accéder à France Terre d'Asile, très loin, à pied, sur la ligne du C6, pour se déclarer, ce qui leur ouvre certains droits. Mais, ces derniers temps, seules 20 personnes étaient acceptées par jour. Certain.es ont toujours échoué à en faire partie, même s'il.les dormaient sur place. Les tensions sont très fortes sur place. Aussi France Terre d'Asile s'est mis en grève à cause du manque d'effectif. Les réfugié.es n'ont pas d'infos à ce sujet et sont perdu.es.

Pour résumer, il faut des repas réguliers, plus nombreux, un accès aux toilettes, aux douches, et bien sûr un toit. Selon moi, il n'y a aucune volonté politique d'améliorer la situation humanitaire alors qu'il existe quantité de lieux inoccupés et que fournir les premiers besoins, à deux ou trois cent personnes, n'est rien comparé à tout ce que dépense la ville et la région dans divers projets superflus. Les autorités, par leur passivité ou les entraves qu'elles placent, ont donc une lourde responsabilité quant à la situation sanitaire et humanitaire de ces personnes, quant à leur souffrance quotidienne, et quant aux conséquences dramatiques prévisibles.

Pour finir, on peut suggérer, en plus de l'aide matérielle, davantage de partage des infos de nos compte rendus et tracts, en français, en anglais et en arabe, pour que la situation soit plus claire à la fois pour les réfugié.es, les militant.es et les personnes habitant cette ville ou de passage.

 

Que pouvez-vousfaire ? Déposer des dons alimentaires à l’Autre Cantine, cuisine de solidarités, et rejoindre des groupes de citoyens qui cuisinent : rue de Cornulier, n°18, Gare sud> Apporter des tentes, matelas, couvertures, tee-shirts, sous-vêtements, produits d’hygiène, savon, gel douche, dentifrice, brosse à dents, lessive, sacs poubelle. Suivre les actualités et les collectes sur facebook / pages Les luttes des exilé-e-s à Nantes : actualité des luttes, des besoins d’hébergement et des dons ; Nos amis venus de loin : organisation de repas, dons alimentaires ; L’Autre cuisine et le site internet : https://nantes.aveclesexiles.info Rejoindre les groupes facebook pour organiser les collectes de nourriture, cuisine et dons On est du pays de Nantes, et on agit ; Collectes citoyennes pour le pays de Nantes ; Un Bout de Chemin Nantes ; Collectif nantais de soutien aux exilé-e-s

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